[Test] Assassin’s Creed Syndicate
Inutile de le nier, la licence Assassin’s Creed est devenue l’une des plus importantes du jeu-vidéo actuel. Preuve en est qu’il est bien difficile de trouver un avis équilibré sur les différents opus qui, il est vrai, s’enchaînent à une vitesse affolante. Le précédent épisode, parisien, est encore dans les mémoires, pour toutes sortes de raisons plus ou moins justes, et l’on se retrouve avec une nouvelle itération, pour le plus grand bonheur des fans. Mais aussi au risque de ne pas assez se renouveler. Alors, qu’en est-il exactement dans cet Assassin’s Creed Syndicate ?
La licence d’Ubisoft s’est construite sur l’histoire, dans ses deux définitions. Mariage réussit de contexte véritable, personnalisé par une région (ou une ville), et d’un scénario doublé d’un méta-scénario, Assassin’s Creed a su capter l’attention d’un très large public en l’hypnotisant au-delà du gameplay. Syndicate largue les amarres à Londres, capitale en pleine ère victorienne, intéressante sur bien des points. D’ailleurs, ce choix s’accompagne de toute une galerie de personnages secondaires fameux, dont nous parlerons plus bas. Le choix de cette ville, de cette époque, n’est pas anodin, et s’accompagne d’une révolution du gameplay qui s’assortit, donc, à la révolution industrielle londonienne.
Screeshot issu de notre test
Les progrès opérés dans Assassin’s Creed Syndicate sont vertigineux. Ce qui ne veut pas dire qu’ils seront du goût de tout le monde, nous nous tenons au factuel : jouer à cet opus, c’est faire un saut au-dessus d’un gap monstrueux. L’orientation prise par la licence est très claire : nous sommes dans le fun avant tout, Ubisoft a, visiblement, pris la décision de se diriger vers un monde ouvert avant tout permissif, en améliorant certaines règles, voir en abandonnant certaines. Il est difficile d’en tenir rigueur à l’éditeur, tant ce choix emmène de très belles choses. En premier lieu, le grappin est une nouveauté très intéressante. Parlante, cette innovation s’adapte évidemment à l’époque du jeu, son architecture plus espacée et moins propice aux ballades sur les toits, mais elle signifie aussi un changement de philosophie fondamentale. Que l’on soit clair, grimper à l’aide d’un bouton, ce qu’on faisait jusqu’ici dans AC, n’est pas vraiment la situation la plus palpitante qu’on ait pu découvrir. Dès lors, se passer de ces phases un peu lassantes nous a carrément comblé. On peut, donc, grimper à loisir, mais aussi se servir de ce grappin comme une tyrolienne, ce qui offre des possibilités très plaisantes, notamment une approche des situations plus globale, aérienne.
On le sent après une poignée d’heures de jeu, Assassin’s Creed Syndicate se tourne radicalement vers les sensations ressenties dans des jeux purement open world. Ainsi, on est très vite en contact avec des rues occupées par des calèches… que l’on peut conduire. La prise en main continue de signifier l’orientation du jeu. Le joueur a, entre les mains, un jeu latitudinaire, qui sait remettre en cause son héritage. Alors, certes, ceux qui s’attendaient à une simulation de chariot en seront pour leurs frais. Ubisoft a abordé la chose avec simplicité, dans le but toujours plus assumé de parler à tous. En gros, les sensations sont celles que l’on a avec les véhicules d’un open world. Un choix très arcade, qui accompagne la volonté criante de recherche du fun. Alors non, vous prendre un luminaire ne stoppera pas votre irréversible course en avant. Mais on imagine mal le cas contraire, en terme de plaisir de jeu pur.
screenshot issu de notre test
Le divertissement avant tout, voilà ce que cherche Assassin’s Creed Syndicate. Jusque dans les combat et leur approche, qui ont relativement évolué. Tout est question de niveau, comme toujours, mais une maîtrise du système, un peu trop simple à prendre en mains, peut faire en sorte de se sortir d’un cas difficile. Attention, toutefois, à ne pas vous laisser submerger ! Le ressenti est très proche de celui d’un Batman de chez Rocksteady, avec contres et petites subtilités que nous vous laissons découvrir. Sachez, simplement, que l’impact de l’évolution des personnages est très important. D’ailleurs, les capacités qui se débloquent en fin de jeu peuvent paraître un peu abusées, même si elles apportent une dimension de « toute puissance » bien savoureuse. De manière générale, on comprend bien qu’Ubisoft cherche à ne pas créer de frustration, tout en gardant des règles d’infiltration, qui feront que vous ne pourrez pas, quel que soit votre niveau, totalement foncer dans le tas. L’équilibre est intéressant, et il le devient encore plus quand, lors des missions, le joueur cherche à remplir les objectifs secondaires, qui se chargent de donner toute la difficulté nécessaire à ceux qui en veulent toujours plus. Une approche qui n’oublie personne, et c’est à souligner.
Il est temps d’aborder sur la deuxième définition de ce que peut signifier l’histoire : le scénario. Là, nous sommes un peu plus circonspects. En fait, tout ce qui a un rapport avec l’intrigue d’époque nous convainc, Evie et Jacob devenant, au fil des missions principales, attachants. On peut regretter un manque de background les concernant, mais le fait d’être lâché dans l’univers d’Assassin’s Creed Syndicate, son époque, a aussi ses bons côtés, notamment en terme de rythme. Celui-ci est irréprochable, et s’adapte bien aux volontés du joueur, qui peut très bien gérer son activité, sans avoir peur d’être largué dans un scénario trop envahissant. Le problème vient plutôt de la méta-histoire, qu’on peut estimer être mise de côté, du moins en terme de temps d’évocation. Tout le reste, l’univers, est parfaitement mis en valeur, notamment via un carnet de route parmi les plus imposants qu’on ait pu voir jusqu’ici dans ce genre de jeu. On recommande vivement de s’attarder sur la description des bières, parfois à se tordre de rire.
Screenshot issu de notre test
Assassin’s Creed Syndicate fourmille d’activités, comme tout bon open world qui se respecte. Équipement à améliorer, personnages à faire évoluer, mais aussi une bande à perfectionner, les petits à-côté sont en nombre démesuré. La durée de vie est, ainsi, assez phénoménale, et vous demandera des dizaines et des dizaines d’heures pour pourvoir atteindre le 100%. Les amateurs de chasses aux trésors en auront pour leur argent, même si on peut regretter la relative facilité dans l’obtention des coffres. Mais les activités secondaires ne se bornent pas à parcourir la map dans le but de collecter tout ce qui bouge. Le joueur croisera le destin d’une poignée de personnages historiques, qu’il faudra aider dans des quêtes généralement très bien écrites. On pense notamment à Dickens, qui vous demandera de l’accompagner dans sa quête de vérité, autour de cas prétendus paranormaux.
Autre gros morceau d’Assassin’s Creed Syndicate, décidément plus que généreux côté contenu, la reconquête de Londres quartier par quartier. La capitale anglaise est aux mains des Blighters, une bande de voyous à la solde de Starrick, l’antagoniste du jeu. Contrairement aux missions liées à des personnages historiques, la reconquête se fait par le biais de missions pas vraiment inspirées, et surtout répétitives. On aurait aimé plus de folie, de diversité, surtout qu’Ubisoft prouve, dans tous les autres secteurs du soft, qu’ils ont tout le talent nécessaire pour une telle tâche. C’est dommage, ceci constitue notre seul véritable regret. Contrairement à l’absence d’un mode multijoueurs qui, à nos yeux, n’a pas grand chose à faire dans un AC.
Screenshot issu de notre test
Car Assassin’s Creed Syndicate nous gratifie de tant de belles choses… Techniquement, on fait face à l’un des moteurs les plus impressionnants qu’il soit, et ce même si nous avons dénombrer quelques bugs. Par contre, nous tenons à exprimer notre étonnement face aux réactions qu’ils ont suscité. Un balai qui s’anime à côté d’un PNJ, de temps en temps, ça ne doit pas rendre faire du d’Assassin’s Creed Syndicate un jeu « pas fini ». S’il est indéniable que quelques imperfections sont à dénombrer, rien n’est venu nous gêner assez pour nous pousser à éteindre la console, ni même à rouspéter contre le soft dans son entièreté. Il arrive de croiser une animation douteuse, soit, mais en comparaison de tout ce qui marche, difficile de faire la fine bouche.
Parcourir Londres se fait les yeux écarquillés, en découvrant une vie, une foule, des monuments, bref un univers à la fois incroyablement riche et cohérent. Stylisé aussi, avec cette brume efficace, qui permet autant au jeu de gérer l’apparition des éléments, que de créer une atmosphère enivrante. Assassin’s Creed Syndicate en met plein la vue, mais aussi plein les esgourdes, avec une bande originale finement pensée. Jamais intrusive, ni grandiloquente, elle souligne les situation et ne tente jamais de les créer. Un très bon point qui finit de nous faire dire que l’ambiance de ce soft est l’une des plus réussies de l’histoire du jeu vidéo. Ouaip, rien que ça. On termine Assassin’s Creed Syndicate avec l’impression de s’être évadé, tout en se demandant ce que la suite réserve…
NOTE DE LA REDAC
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Gameplay
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Technique
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Ambiance
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Durée de vie
Résumé
Assassin's Creed Syndicate est un épisode "tournant", qui ose prendre des décisions sur sa philosophie, la fait fondamentalement évoluer. Si on peut regretter un méta-scénario devenu clairement secondaire, on est surtout convaincu par l'approche, plus open world dans l'âme. Plus ouvert, mais tout de même assez corsé pour qui voudrait atteindre la perfection, Syndicate s'adresse à tous, et le fait bien. Quand à l'univers, il fourmille de tellement de détails qu'on en a encore le vertige...