[Preview – Paris Games Week 2015] This War Of Mine : The Little Ones
Novembre 2014, alors que beaucoup de gamers ne jurent que par les jeux à énorme budget, un bijou vient d’être mis à jour. This War Of Mine, que l’un de nos rédacteurs considère comme le meilleur jeu sorti en 2014, sortait un peu de nulle part, du moins pour les joueurs qui ne suivent pas forcément l’actualité très vaste du jeu indé. En tout cas, celui-là on ne l’a pas loupé à l’époque, et le voir annoncé sur consoles de salon nous a fait particulièrement plaisir. Pour une fois qu’un soft vous fait ressentir la guerre comme ce qu’elle est, un drame absolu et pire pour les peuples pris entre les feux, on ne va pas bouder l’occasion de bien en parler.
C’est à la Paris Games Week que nous avons pu nous essayer à cette version consoles de This war Of Mine. Le jeu gagne, au passage, un sous-titre : The Little Ones. Comme vous l’aurez compris, cette adaptation profite du mouvement pour s’ajouter des enfants. Ceux d’entre vous qui ont essayé le jeu d’origine en auront des frissons, car ajouter des bambins au quotidien affreux des survivants, c’est potentiellement la pièce finale d’un édifice entièrement dédié au réel de la guerre. Pour rappel, This War Of Mine est un jeu de gestion humaine, tandis qu’au dehors un conflit armé s’éternise, dans une ville imaginaire mais rappelant fortement les Balkans. L’ambiance visuelle, sonore, tout dans le soft est fait pour vous mettre mal à l’aise, uniquement grâce à l’empathie envers les avatars. Vous devez subvenir aux besoins de vos survivants, les envoyer faire de la récupération dans les environs, développer tant bien que mal votre abri, soigner les maladies etc. Au fil du temps, il se créé un vrai lien avec les personnages, et la mort de l’un d’eux est vécu avec une tristesse incroyable.
This War Of Mine : The Little Ones s’adapte, donc, à nos chers et tendres pads. L’exercice de style n’était pas simple, il fallait trouver l’équilibre pour que le joueur puisse sentir le personnage sélectionné, tout en passant de l’un à l’autre avec fluidité. Que les amateurs du jeu original se rassurent, les développeurs de 11 Bit Studios sont en passe de réussir leur coup, avec une maniabilité des personnages flottante, qui fait que le joueur doit penser ses déplacements. Aussi, passer d’un survivant à l’autre se fait ultra simplement, via la pression d’une gâchette. Sur la portion de jeu essayée, on n’a ressentie aucune gène liée à la conversion vers les consoles, d’ailleurs techniquement ça reste toujours aussi beau, du moins artistiquement parlant. Les consoleux vont pourvoir découvrir un style crayonné du plus bel effet, plongeant la situation dans une ambiance dépressive qui sert totalement le propos.
Mais la vraie nouveauté de ce This War Of Mine : The Little Ones, c’est évidemment la présence des enfants. On doit bien dire que leur absence du jeu original était l’un des petits regrets que nous avions relevé. Apparemment, c’était aussi le cas pour 11 Bit Studios, qui les inclus dans cette version. La présence d’un ou plusieurs bambins rajoute de la difficulté à un soft déjà pas simple, on avait donc un peu peur pour l’équilibre de l’ensemble. On a pu tâter du jeu assez longtemps pour se rendre compte que cet ajout était primordial pour l’atmosphère. Le lien qui se tisse, entre le joueur et l’enfant (ou les enfants) accueilli(s) dans notre abri de fortune est un véritable ajout qualitatif, même si nous regrettons à moitié le choix, pourtant compréhensible, de ne pas pouvoir les perdre de façon définitive. Il faut bien comprendre que This War Of Mine n’est pas un jeu joyeux, et nous comprenons que 11 Bit Studios n’ait pas eu envie d’ajouter la touche finale à un soft intentionnellement déprimant. Mais, on ne peut s’empêcher, aussi, de penser que ce jusqu’au-boutisme aurait pu être salutaire pour certains joueurs. Ainsi, les enfants ne meurent pas, ils fuguent, un palliatif un peu léger mais, encore une fois, compréhensible de par la violence fondamentale du soft de base.
Quoi qu’il en soit, This War Of Mine : The Little Ones (prévu pour le 29 Janvier 2016 sur PlayStation 4 et Xbox One, sous forme de DLC sur PC) sera un indispensable pour tout joueur voulant sortir des sentiers, battus par d’innombrables FPS guerriers sans véritable fondamental. Attention, nous ne sommes pas du genre à bouder notre plaisir dans les tueries vidéoludiques (on a quand même été élevé avec Carmageddon et Postal, alors bon…), mais faire face à un jeu aussi fort, aussi maîtrisé dramatiquement, ça nous conforte dans l’idée que le jeu vidéo est entrain d’atteindre la maturité. Et, sans aucun doute, le soft de 11 Bit Studios a une grande et belle responsabilité dans ce fait.