Deception IV The Nightmare Princess : de la torture tactique et chargée en contenu
Le jeu vidéo et le cinéma ont un point commun indiscutable : ces deux médias proposent des œuvres pour le grand public, mais aussi pour une foule beaucoup plus pointue. Ainsi, Call of Duty, GTA ou FIFA, tout en étant des jeux de qualité, se proposent au plus grand nombre. On aura remarqué qu’il s’agit de productions américaines, mais que devient l’offre japonaise ? Si on ne peut pas encore la qualifier “de niche” (Final Fantasy XV prouvera le contraire), on a tout de même l’impression qu’elle devient de plus en plus ciblée pour un public de connaisseur, fin gourmet. Une licence comme Deception (aussi connue sous le titre de Kagero) est un très bon exemple : un concept original, techniquement pas au top, gameplay bien pensé mais parfois trop ambitieux, et durée de vie gigantesque. Deception IV : Blood Ties, débarqua en 2014 uniquement en téléchargement sur PlayStation 3 et PS Vita. Aujourd’hui, nous accueillons une version rehaussée d’un bon gros add-on : Deception IV : The Nightmare Princess.
Le scénario de Deception IV : The Nightmare Princess n’a rien de bien compliqué, et les novices de la franchise s’en sortiront largement. Le jeu original vous mettait aux commandes de Laegrinna, qui n’est autre que la fille du Diable. Le joueur partait en quête des douze versets permettant de briser le sceau, qui retenait prisonnier le papounet sévèrement cornu. Aidée de trois acolytes, notre héroïne devait occire les gardiens des versets, en leur infligeant les pires souffrances alors qu’ils somnolaient. L’add-on, quand à lui, nous fait jouer la sœur de Laegrinna : Velguirie. Celle-ci est obnubilée par l’envie de retrouver tous ses pouvoirs, et pour se faire elle doit tourmenter les humains en plein rêve. On l’aura compris, tout ceci ne propose pas beaucoup de profondeur, même s’il faut souligner le très bon boulot de traduction de Koei Tecmo Europe : le jeu est intégralement et sérieusement sous-titré en français, ce qui est grandement appréciable. Deception IV : The Nightmare Princess utilise, certes, son scénario pour mieux mettre en avant le concept, mais le comprendre est une gourmandise considérable.
Il nous faut détailler la substantifique moelle de Deception IV : The Nightmare Princess, son gameplay. Vous incarnez une princesse des Enfers, donc votre pouvoir est éminemment malfaisant. Enfermé dans une véritable salle des tortures, vous allez devoir trouver le moyen de faire souffrir, de martyriser vos cibles. Pour se faire, vous allez devoir truffer l’endroit de pièges, comme des pièges à ours, un immense pendule bien aiguisé, ou encore un rocher géant. Rassure-vous, ce sont plus de 150 instruments de mort qui vous sont proposés ! Vous devrez placer tout ça dans un écran dédié, qui freeze le temps pour vous permettre de bien mettre en place votre enchaînement. Celui-ci est à la charge de joueur, qui devra déclencher les traquenards d’une simple pression de bouton. Tout est très tactique, vous devrez pendre en compte les déplacements liés aux pièges, mais aussi les spécificités de niveau, qui permettent par exemple de faire s’effondrer un pilier, ou d’envoyer la pauvre victime dans les bras d’une statue chargée en électricité.
Deception IV The Nightmare Princess a l’air un peu compliqué comme ça, et il faut bien dire qu’il faudra un temps d’adaptation aux nouveaux venus. La prise en mains s’avère délicate, il vous faudra quelques heures pour bien maîtriser quelques finesses de gameplay, comme par exemple les enchaînements en l’air (hop, on place un tremplin ici, un pendule juste là). Heureusement, des vidéos d’explication accompagnent les niveaux, histoire d’avoir un appui non négligeable, du moins pour les deux ou trois premières heures. Il faut aussi prendre en compte les différents types de pièges : Sadisme, Élégance et Humiliation. Alterner entre chacun vous permet d’engranger plus de point, pour un décompte final qui ravira les amateurs de scoring. Mais pas que, car chaque mission propose trois objectifs à relever, et chacun d’eux refilent une récompense au joueur (ah, comme c’est agréable de ne pas être rétribué uniquement en Trophées / Succès !).
Mais ce qui impressionne le plus, dans Deception IV : The Nightmare Princess, c’est la générosité du contenu. Koei Tecmo propose une l’expérience la plus complète possible : le jeu original et son add-on. On peut penser qu’il est normal de proposer l’aventure d’origine, mais ce n’est pas souvent le cas sur d’autres jeux. Ces deux aventures sont complétées par deux autres modes : Studio Deception et Bataille Libre, le premier vous permettant de créer des ennemis, des niveaux, et même d’en télécharger. La Bataille Libre, comme son nom l’indique, vous permet d’aborder le concept du jeu, mais libéré de tout scénario. Signalons aussi un musée, toujours très bienvenue, et un petit tutoriel, pas super utile au passage. Entre le nombre de niveau, et toutes ces possibilités, si vous accrochez sur la durée… sachez que vous en aurez pour une bonne grosse centaine d’heure.
Deception IV : The Nightmare Princess a donc de belles qualités, mais aussi des défauts non négligeables. C’est clair, on est pas en face d’un foudre de guerre côté technique. Ce n’est pas laid non plus, disons que ça fait très début de PlayStation 3. Mais, soyons honnêtes : qui veut jouer à ce jeu sait où il met les pieds. Ce n’est, donc, ni surprenant, ni horrible à s’en arracher les yeux. L’ambiance musicale, elle, est bien sympathique, quelques musiques de qualité, rien à redire.
Au final, Deception IV : The Nightmare Princess, est un jeu de torture tactique, immense de par son contenu, plein de qualités et de défauts. Si vous êtes du genre à privilégier l’expérience, à vouloir creuser le domaine vidéoludique et tout ce qu’il a de plus original en terme de concept, alors nous vous conseillons d’y jeter un coup d’œil, à l’occasion.
NOTE DE LA REDAC
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Gameplay
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Technique
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Ambiance
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Durée de vie
Résumé
Deception IV The Nightmare Princess est l'exemple typique du jeu japonais de niche : techniquement à la ramasse mais clairement intéressant quand on dépasse ce constat visuel.