Evolve : plus qu’un défouloir multijoueur ?
Souvenez-vous, en 2014, un jeu était attendu par une horde de fans de jeu multijoueurs : Evolve. Développé par Turtle Rock Studios, les petits génies derrière le culte Left 4 Dead, Evolve a fait parler de lui, c’est le moins que l’on puisse dire. Excellent exemple de la coopération bien maîtrisée pour les uns, nid à DLC payant pour les autres, difficile de ne pas avoir été marqué par le débat passionné qui fit rage. Mais, aujourd’hui, à tête froide, qu’en reste-t-il ?
Commençons de suite par ce qui a fâché avec Evolve : les DLC payants. Nous ne comprenons pas la rage de certains, tant elle fut tenace. Oui, proposer une skin pour un monstre à 6.99€ a de quoi bien faire rire. Mais le joueur qui ne veut pas de ce bonus, clairement dispensable sans que ça ait un impact sur le jeu, n’a qu’a tracer son chemin ! On peut comprendre que ces bonus cosmétiques, auparavant offerts quand les gamers remplissait certains tours de force (finir un jeu en mode difficile nous apportait toujours une récompense, par exemple), puissent manquer à certains. De là à créer une véritable tôlée, c’est une direction vers laquelle nous refusons d’aller. Élevons le débat.
Evolve est donc un jeu d’action multijoueur. Le contexte est simple comme bonjour : nous sommes sur la planète Shear, exploitée pour la richesse de son sol. Alors que tout se passait très bien, des monstres, inconnus jusqu’alors, ont fait leur apparition, et menacent les moyens mis en œuvre sur la colonie. Une escouade est donc envoyée en surface pour régler le monstrueux problème. Bon, disons tout net : le scénario est accessoire, juste fait pour introduire ce qui fait le sel d’Evolve : son gameplay asymétrique.
Car, dans Evolve, on peut incarner soit la team chargée d’exterminer les monstres, soit un monstre, transformant les joutes en chasses pures et dures. Pour faire simple, on est dans du 4 VS 1, et le but est différent selon le camp qui vous est confié. Tout d’abord, celui de l’équipe des mercenaires. La partie se joue en vue à la première personne, et votre mobilité sur la map est facilité par un jetpack. Quatre classes constituent le groupe : Soutien, Trappeur, Soigneur et Assaut. Assez classique jusqu’ici, chacun des rôles étant bien cloisonné, utilisé pour que les joueurs sachent immédiatement ce qu’on attend d’eux. Le but, une fois la formation finalisée, est de traquer le monstre, dans une map, et de le mettre à mort, avant que celui-ci ne soit trop puissant. Pour ce faire, la team doit être soudée, et connaître chaque astuce pour mieux localiser l’énorme bestiole. Une volée d’oiseaux s’échappe au loin ? Des carcasses d’animaux sauvages commencent à se multiplier dans les parages ? C’est signe d’une présence.
On l’aura compris, le rôle de l’équipe de mercenaires est de chasser. Il vous faudra donc connaître parfaitement votre environnement. Petit soucis, les maps d’Evolve ont tendance à se ressembler un peu. C’est dommage, car elles utilisent parfaitement la verticalité, faisant du jetpack un accessoire très plaisant à utiliser. Mais on aurait aimé plus de diversités, de situations exclusives à un endroit. Surtout que, après plusieurs heures de jeu, on se prend à souvent répéter les mêmes schémas d’approche. Pas que ce soit rébarbatif au point de gonfler le joueur, le fun est assez présent pour nous accrocher sur la durée, mais ce regret existe.
L’autre camp, c’est celui du monstre. Là, on passe de chasseur à chassé, et ça change radicalement la donne. Ces immenses bestiaux aux pouvoirs impressionnants sont au nombre de trois : Spectre, Goliath et Kraken. Chacun est évidemment bien différent à jouer, le Spectre étant un as de l’esquive et de la fuite, le Goliath lui est une bonne grosse brute et le Kraken peut aborder les situations en volant. Dans ce rôle, l’approche est beaucoup plus tactique et nerveuse. Il vous faut établir une stratégie, non seulement en rapport avec la classe, mais aussi avec ce qui fait de vous un monstre. En effet, c’est ici qu’Evolve porte bien son nom : la bête a trois stades d’évolution, chacun atteignable en dévorant la faune de la planète Shear. Au premier stade, autant vous dire que vous ne faîtes pas le poids, encore que les meilleurs joueurs peuvent s’en sortir. La deuxième forme vous apporte le supplément de force qui fera de vous une véritable menace, mais alors la troisième… Arrivé à ce cap, la partie est relancée, et les mercenaires ne pourront plus vous chasser de la même manière.
Clairement, jouer le monstre est ce qui nous a le plus convaincu en jouant à Evolve, de par l’originalité de la chose, et l’aspect tactique bien jouissif. L’impression de puissance est aussi au rendez-vous, et si le gameplay est un brin moins précis que dans la peau des mercenaires, on éprouve une incroyable sensation de vigueur en traçant la route dans les maps. Escalader, lancer des rochers, user de la furtivité pour tromper ses ennemis, isoler un des adversaires pour mieux lui foutre une raclée, tout ça donne au joueur une impression d’accomplissement indéniable.
En plus de ce gameplay asymétrique intéressant, Turtle Rock Studios a opté pour un système d’expérience complet, et uniquement tourné vers une expérience forte en terme de durée de vie. Chaque partie d’Evolve se termine par un décompte de vos actes, et ceux-ci vous rapportent des points, tout comme jouer simplement des parties au passage. Plus vous gagnerez en niveaux, plus vous débloquerez des bonus à effets définitifs, voir carrément de nouveaux personnages pour chacune des classes, avec de nouvelles attaques. Certains ont pu y voir une façon superficielle de gonfler la durée de vie, pourtant forcé de constater que ça marche très bien sur le joueur.
Quand aux modes, ils sont nombreux, mais sans doute pas assez pour faire d’Evolve un jeu à immense durée de vie. Déjà, que les joueurs solo le sachent bien : ce jeu n’est pas fait pour eux. Il existe bien un mode fait pour ces gamers, mais il est tellement limité qu’il n’en vaut clairement pas le détour, si l’achat du soft n’est motivé que par lui tout du moins. Il existe quatre types de session : Sauvetage, Nid, Défense et Chasse. Évidemment, chacun s’aborde différemment selon le camp choisi. Dans Sauvetage, vous devrez soit sauver des civils, soit les dévorer. Le mode Défense, lui, vous propose de défendre une base de l’assaut d’un monstre directement évolué au stade 3. Nid demande au groupe, dans un temps limité, d’éliminer des œufs de monstre, tandis que celui-ci devra tout faire pour empêcher cet affront. La Chasse est sans doute le plus classique des modes, puisqu’il propose aux mercenaires de se lancer à la poursuite de la bestiole, tandis que cette dernière devra évoluer au stade 3 pour détruire un bâtiment précis.Aussi, un mode Évacuation met un peu de piment à l’enchaînement des parties, en proposant cinq rounds de suite, avec des bonus pour le camp vainqueur d’une partie à l’autre. On a pris beaucoup de plaisir avec ce mode. Pour terminer, un mode Arène a récemment fait son apparition, dans lequel mercenaires et monstre (directement en niveau 2) sont lâchés dans un tout petit périmètre. Clairement orienté vers le tout action, Arène dépote et apporte de la diversité. Et c’est important, la diversité.
Donc, de quoi faire clairement, mais aussi un peu léger pour une expérience très prolongée. En l’état, Evolve est une bonne expérience pour des dizaines d’heures. Si quelques uns de vos amis sont passionnés de coopération, n’hésitez pas à leur conseiller ce jeu, car l’expérience avec des gens proches est, évidemment, beaucoup plus fun. Et là, Evolve prend tout son sens, réserve quelques fous rires, et des parties bien disputées. Aussi, techniquement le jeu se défend très bien, avec une foule de détails tout bonnement hallucinants. Evolve fait partie de ces jeux qui n’auraient pas pu être développé sur l’ancienne génération de console, nous somme catégorique. C’est tout ce qu’on demandait au jeu : un concept intéressant, et une technique à la hauteur.
NOTE DE LA REDAC
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Gameplay
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Technique
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Ambiance
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Durée de vie
Résumé
Pour peu que vous soyez amateurs de jeux multijoueur, Evolve est fait pour vous. Malgré quelques soucis, comme une "livraison en kit" et une durée de vie finalement un brin décevante pour ce type de jeu, le soft de 2K s'avère bien fun si vous êtes entourés d'autres passionnés de jeu online.